SON HISTOIRE

 

 

En Kabylie, à environ 150 Km à l’Est d’Alger, capitale de l’Algérie, dans le versant sud du Djurdjura, on rencontre la région de Maillot. Celle-ci est constituée de plaines verdoyantes, de montagnes, de rivières, de cours d’eau, et des champs d’oliviers. C’est une région bien préservée bien qu’elle soit en partie agressée par la main brutale de l’homme. Géographiquement ouverte sur le reste du pays, elle est au cœur de l’Algérie. Le relief montagneux de la région a fait d’elle une cuvette sur un grand plateau. On retrouve dans cette région plusieurs villages dont M’chedallah, Raffour, Chorfa etc.

La création de RAFFOUR est due à l’exode des populations d’Iwaquren suite à l’incendie général de leur village à la montagne  le 06 mai 1957 par l’armée coloniale. Raffour est devenu aujourd’hui une ville qui ne cesse de s’élargir et d’être à la hauteur des autres grandes régions de Kabylie.

Ce village est composé d’ anciennes et  récentes cités. Dans les anciens quartiers les constructions ont surgit comme des champignons et s’imposent au paysage après l’indépendance de l’Algérie.

Pour les nouvelles cités, les plans sont étudiés et les constructions se font désormais selon des normes nationales strictes. Cela donne d’ailleurs une image moderne du village avec des rues symétriques et de larges trottoirs.

Il fait partie également de Raffour AHARACHE à son extrême ouest qui est une terre riche partagées en plusieurs parties par un ensemble de familles ( La famille Saidani est la plus représentée et viennent ensuite la famille Akkouche, Zekri, yahiaoui et Bounadi,   et TINESWIN une autre partie en général propriété de la famille Belaid et se situe au sud ouest de Raffour.  Dans ce paysage prédominent les oliviers, les grenadiers, les néfliers et d’autres cultures telle que le pastèque, les piments, la tomate, les oignons etc.   

Cette plaine au sol riche est entourée de montagnes, le Djurdjura au nord-nord ouest, les Bibans (Adrar Seggane en Kabyle) au sud, la Soummam à l’est.  

 

Vu de la montagne, dans la partie sud du Djurdjura, le panorama de Raffour est imprenable, voire impressionnant. On peut d’ici mesurer l’étendue de la ville et de la plaine. Le lieu appelé Raffour, en raison des rivières qui  l’enserrent,  devient, en partie grâce à la voie nationale et les autres moyens  de communication qui la traversent, une ville commerciale. Elle sert de culture avec toutes les commodités y afférentes : champs d’oliviers et de blé entourent le village, les commerces et les constructions sont évidemment les plus visibles.

Le village est doté d’un centre culturel, d’une mosquée, d’une poste,  d’un centre de santé, d’une annexe pour la mairie, d’un collège, d’ écoles primaires, d’une pompe à essence  et d’un important centre de formation professionnelle .

Plusieurs petites sociétés ont vu le jour et se font de plus en plus nombreuses. Elles sont spécialisées dans l’informatique (cybercafés), dans l’électronique mais également dans la  poterie, épiceries, boulangeries, boucheries, cafés-restaurants etc. Certains paysans propriétaires travaillent leur terre tout au long de l ‘année diversifiant leur culture grâce à un sol riche (pomme de terre, poivrons, carotte, olives, et nombreux fruits : pomme, poires, oranges…) Ces paysans vivent le plus souvent de leurs récoltes.   

Le Djurdjura, cette montagne devenue parc national naturel, lui offre une vue fascinante par ses décors, ses forêts, notamment en hiver quand la neige le couvre de son manteau blanc. Celui-ci dont la blancheur nous rappelle que nous nous trouvons au pied du Djurdjura. Cette montagne qui renferme une importante faune et flore, on retrouve à un certain niveau d’altitude des forêts de chênes, et un grand nombre d’espèces de haute montagne comme le cèdre qui forme dans certains endroits des coins de forêts denses, des sites touristiques, c’est un musée à ciel ouvert mais qui cache bien un précieux trésor ; des rivières souterraines, des grottes, des secrets bien à elle. Iwaquren, cette partie du versant sud de Djurdjura,  est un haut lieu d’héroïsme pendant toutes les guerres, sur cette terre tombèrent  plusieurs héros dont Malika Gaid, une femme, figure emblématique de la guerre de libération nationale, Amrouche mouloud et tant d’autres ; c’était un lieu de repos et de confiance du Colonnel Amirouche, chef de la wilaya III.                                                                       Adrar-Seggan (ou les Bibans en français) donne à Raffour une image sereine, un paysage presque nu et particulier où l’on cultive des figues de barbaries, des oliviers, des sapins etc. Ces montagnes (Djurdjura, Bibans) semblent devenir un spectacle selon les saisons et représentent un lieu de repos et de  tourisme aux habitants de la région. Elles sont les gardiennes et veillent à la santé du village en lui offrant l’eau, l’air, le repos et le spectacle naturel. La sobriété des paysages nous fait parfois penser à des tableaux de peinture.

La population de Raffour est d’environ 8000 habitants dont  près de 8% vit en France.

En fait, depuis très longtemps, les personnes de cette localité émigrent en France, notamment à Paris, certains rentrent en Algérie après avoir travaillé un certain temps ou retraités et d’autres à leur tour, émigrent et créent ainsi un échange permanent tant sur le plan culturel qu’économique. 

 

Dans cette région berbère, les gens sont tous issus de la montagne, ils sont appelés les montagnards. Ils sont dans l’ensemble des Ath c’est-à-dire  « ceux de » suivi du nom de leur famille.

Cette région est découpée en trois parties :

*         Azaghar ou le plateau de la région dit aussi le Sahel dont Raffour fait partie.

*         Tammurt Wadda ou la région basse de la montagne.

*         Taddert et Ighzer deux villages de la partie haute de la montagne, elle-même, divisée en deux parties : une partie partagée par l’ensemble de ses  citoyens destinée à la culture et l’habitation et la partie la plus haute réservée au pâturage.

Taddert et Ighzer réuni forment un Aarch. En effet, l’association d’un groupe de villages forme un Âarch.

Dans l’histoire, Ighzer et Taddert étaient un seul village avant qu’ils se scindent en deux. Leur origine était Tizimit qui signifie en kabyle protection. Cette colline, où tous les chemins montent, est déserte, dépourvue d’arbres et aride mais l’eau coule à son pied. Nos aïeux ont choisi ce lieu pour résidence car il est près du ciel, c’est à dire de Dieu et leur permet ainsi une protection divine permanente contre l’ennemi (à l’époque contre l’empire ottoman ) elle porte toujours les traces des premières habitations naturelles.

 

Un village est un ensemble de groupes (Adrum) et chaque groupe renferme un ensemble de familles. La famille est attribuée soit à un parent, à une qualité ou à une référence donnée. Ainsi la famille Ath Essaid est attribuée à un ancien père dit Essaid. Ath Kechadhine est attribuée à une qualité donnée etc.

Ighzer comme Taddert sont composés de quarte groupes chacun et ensemble forment Raffour où ils résident depuis l’indépendance. 

 

 

REPARTITION DES FAMILLES ;

A Ighzer on trouve,

Ath Boubouyen, Ath Hamlath , Ath Taghzout , Ath Aasker

 

1- Ath Bouhbouyen qui regroupe les familles suivantes: Ath Kechadhine (Kechadi, Tamsaouit, Zeggane et Amarouche), Ath Essaid (Saidani, Hamane, Guemati) et  Ihaddaden (Haddad et Mokraoui).

2- Ath Hamlath: Se sont les Ath Akkouche (akkouche), Ath Oulaid (Belaid), Ath Ouchene (Ouchène), Ath Ali messaoud(Saoudi) et   Ath Oubarkai (Berkai), Ath Aqla (Akkal), Ath Lahbib (Habbib) Ath mha Ath Ali (Aliouat)

3- Ath Taghzout: regroupe les familles Ath Kaci Ouali et Ath Taghzout (Taghzouti), Ath yahia (yahiaoui), Ath zekri (Zekri), Ath El-hache (Terrache), Ath Ouarab( Ouarab et Hamzi), et Ath Mohand Oussaid (Saidi) et Ath Maazouza (Mazouzi), Ath Aâmar (Iddir), Ath Oumensour (Mensouri et menssous).

4- Ath Âasker: Se sont les familles suivantes : Ath Belkaci Mohand (Askeur), Ath Merabedh et Ath Hamou Ouali (Merabet), Ath Ali ouslimane (Bounadi) et Ath Boudha et Ath yedrijen (Boudha, Boudia et Idriguen). Ses familles sont issues du même père, le saint Djeddi Bouali  dont le  lieu saint existe jusqu’à ce jour.

 

Histoire de Djeddi Bouali : Enfant, Bouali était envoyé par son père pour chercher de l’eau à la fontaine mais il tarda à revenir, alors son père, décida d’ aller le chercher et à sa grande surprise ne trouva plus que les habits de son fils. Bouali avait disparu. De nombreuses années plus tard alors, âgé (adulte), Bouali retourna chez sa famille en tant qu’ invité. Au cours de la soirée, il aborda le sujet de l’enfant disparu il y a plusieurs années. Il Insista sur les détails précis qui pouvaient identifier encore cet enfant aujourd’hui. Tous se souvenaient de la mèche de cheveux dorée. Ils l’ont bien décrite. Le jeune Bouali exhiba alors sa tête en enlevant la capuche qui cachait ses cheveux et montra la mèche, c’était bien lui l’enfant disparu. La légende dit qu’il a été pris par des anges, et il était revenu ce jour là avec un pouvoir divin. Il avait des capacités incroyables, et magiques. Dieu exauce tous  ses vœux mais aussi toutes ses humeurs.

 

A Taddert, on retrouve les groupes suivants :

Ath Slimane, Ath Essaid, Ath Belkacem et Ath M’âamar.

A)Ath Slimane: ce groupe est composé des familles suivantes:

Ath Aoudia (Aoudia), Ath Âaoudhala : (Attaf et slimani), Ath voutsemar : (Boutemeur), Ath Kaci : (Sbaâ), Ath Ali : (Mesloub), Ath Mouhand Ouahmed : ( Boulila), Ath oualaid : ( Hamraoui), Ath chekmime : ( Chekmane), Ath Gasmi : ( Gasmi), Ath Âli M’âamar et Ath M’hend Ouali : Amarouche enfin la famille Ath Laoussif : (Laoussif).

 

B) Ath M’âamar : constitué de:

Ath Massaoud : (Sahraoui), Ath Moussa : ( Moussaoui et Medjedoub), Ath Taleb : (Taleb), Ath M’hend S’aid et Ath Amar Ouali : Sadaoui, Ath Âami Âli : (Hamichi et Ami Ali), Ath Âalaouat : (Allaouat), Ath Hend Oukaci : (Sadouni), Ath Alhadj Ali : ().

 

C) Ath Belkacem :  il regroupe les familles ci-après :

Ath M’hend : (Boukhalfa), Ath Vaznouts : (Tigrine), Ibkhakhe : (Arab), Ath Messaoud: ( Abkouk), Ath Mouchent: ( Houchette), Ath Oualhadj: (Ladj et Hadji), Ath Ouaziza :

( Azizi).

 

D) Ath S’âid :  les familles composant ce groupes sont:

Ath Boukarou : ( Boukarou), Ath Bensalem : ( Bensalem), Ath Ouarab ouaslimne : (Aribi), Ath Chouia : ( Chouia), Ath mohand Oualhadj : (Maadaoui), Ath Âafadh : ( Haffad), Ath Ali Ouassaid : ( Kaci), Ath Ouarab : (Zidane), Ath Ouâzoug : (Azoug et Azouz), Ath Ouarab oumohand : (Bougendoura) et Ath Oumeziane : ( Meziane).

 

 

Quelques anciennes traditions du village Raffour :

Tajmaâit : c’est  le comité du village, Les membres le formant sont  en général des personnes âgées, qui se réunissaient pour des mises au point concernant la communauté ou pour préparer des traités temporaires ou durables. Une fois les décisions sont prises, ils les annonçaient au cours  d’une assemblée du village qu’ils conviennent sous forme orale. Le comité décide et impose. Il a le pouvoir et l’autonomie des décisions.

Tammuqint : interdiction de manger les fruits de la partie sud tant que ceux de la partie nord ne sont  pas murs.

Awedjeb : premier jour de labour, la famille Ath Boudha doit donné le signal en premier.

L'artisanat : il est inhérent aux modes de vie mêmes de la population.

Poterie : Fabrication des ustensiles par l’argile avec des motifs de décoration originaux.

            Les peaux des animaux sont utilisées comme souliers, sacs, outres, tapis etc.

            Le bois est utilisé comme madrier, chevron, piliers, louches, cuillères etc.

Tissages : c’est un art ancien de fabrication artisanale de couvertures, de burnous riches en soie avec des styles dont le temps n’a rien altéré de sa beauté.
 Achmel :  volontariat obligatoire pour un intérêt public.

Tiwizi: volontariat pour construire une maison, cueillir les olives, défriché les terres etc.

Timechret : sacrifice des bêtes pendant la fête de Taachourt soit un mois et dix jours après l’Aid el Kibir  et distribuer la viande à l’ensemble des citoyens chacun avec sa part, le bébé comme le vieux ou le jeune. un regroupement d’Hommes dit agraw fait la collette d’argent dit l’aachour, soit une partie de l’argent conservé chez soi pendant un an sans roulement et en contre partie les donneurs reçoivent « la dawa » c’est à dire la bénédiction.

Tunticht : un repas que donne une famille pendant les fêtes religieuses notamment le mouloud, la Tachabane etc. à leurs filles mariées.

Tizimit : c’est le sommet d’une colline nue, rien entre ciel et terre, habitait jadis par nos aïeux pour se protéger des ennemis. Pour rejoindre le sommet de cette colline, tous les chemins montent. 

Tamggut: le sommet du Djurdjura est visité les premiers mercredis du début de Tassentit (début du mûrissement des figues), les visiteurs racontent leurs soucis à la montagne via son sommet qui exaucera les vœux de chacun. Certaines femmes profitent de l’occasion pour appeler leur mari et enfants qui se trouvent loin notamment les émigrés  qui sont partis depuis longtemps sans signe de vie pour les rappeler à la maison. Un quête est faite sur place pour acheter des bêtes à sacrifier pour ce jour, et chaque visiteur aura sa part de viande.

Ttabbeyouth : une quête faite discrètement par une personne, loin des yeux et des oreilles en vue d’organiser une timechret afin de prier Dieu via le sacrifice des bêtes de leur donner de la pluie pendant le moment de sécheresse. 

Aqwdhar : le cheptel, cette tradition permet de faire un Achmel pour construire des cabanes aux bergers désignés durant le rassemblement pour garder les bœufs de toutes les familles. Les bergers sont payés par les familles qui donnent leurs bœufs à cet effet. Cette tradition est en voie de disparition.

 

La poésie :

De grands poètes ont marqué l’histoire du village. Jadis, on parlait du poète d’Ath Idrijen dont le texte d’un de ses poème est récité encore de nos jours  par les vieux et dont le titre est la neige.

Les poètes actuels sont nombreux on peut citer Kechadi AbdAllah grand poète des temps modernes. 

 

D’autres poètes existent et participent à la vie culturelle du village : on peut citer Askeur Nacer qui maîtrise également l’Harmonica et la flûte. Akkouche Mohand Akli, Saidi Yahia etc.

Parmi les femmes on trouve Amarouche Dalila grande poétesse, M.F. etc.

 

La chanson :

Haddad Fateh, un chanteur renommé dans la région de Kabylie, les textes, la voix vibrante et la musique d’un style qui lui est propre ont fait de lui le chanteur le plus connu dans la région de maillot et a une renommée au niveau national. Auteur d’une cassette publiée et d’un terroir caché.

Guemati Saïd : Dont le talent indéniable a été récompensé par le 1er prix en 2001 pour la catégorie chant moderne à BEJAÏA.

Boudia Ahcène : un chanteur ambitieux, auteur de deux cassettes. Il chante le folklore Kabyle.

Akkliouche Abdelaziz :  auteur d’une cassette publiée en France. 

Ouchène Hamid et Boutemeur Amar, Azzoug Nacer, Askeur Aissa, , sont d’autres chanteurs qui participe à la vie culturel du village et de la région en général.